Afin de trouver le ton juste pour cette entrée de blogue (j’en suis à ma première expérience), on m’a dirigé vers « Confessions of an Aca-Fan », le blogue d’Henri Jenkins.
Tant qu’à mettre la barre haute.
Pour demeurer dans le même ordre d’idée, j’ai choisi d’intituler cette entrée « Confession d’un ancien fan ». Un ancien fan d’animé : l’animation japonaise. De fan(atique) à temps plein entre 1995 à 2004, je suis devenu aca(démicien) patenté : depuis 2005, c’est l’aca en moi qui a pris le dessus. Dans mes recherches, je continue à côtoyer les objets animationnels qui avaient fait de moi un fan (leurs aspects narratifs à la maîtrise, leurs aspects esthétiques au doctorat), mais le fan est de plus en plus subordonné à l’aca, au point où, en dehors de ce que je dois visionner pour mes recherches, ma consommation d’animés « pour le plaisir » au cours des dernières années est presque nulle. C’est donc en tant qu’aca confirmé, et aussi en tant qu’ancien fan un peu désabusé, que j’ai assisté à Nadeshicon, le festival de la culture japonaise. C’était en avril dernier, à l’Université Laval.
Nadeshicon est une activité à grand déploiement organisée par le Club Animé Québec (club dont j’ai eu le plaisir d’être président au début des années 2000… #streetcred) depuis 2009, dont les objectifs sont d’offrir, à parts égales, des activités à propos de la culture japonaise et à propos de l’animation japonaise. C’est un festival familial, bien que certaines activités se déroulant le soir soient destinées à un public averti. Au niveau de la fréquentation, Nadeshicon a franchi pour la première fois le cap des 1000 participants. Dire qu’il y a dix ans, réunir 30 personnes un jeudi soir au local 1-A du Pavillon De Koninck à l’Université Laval pour visionner des copies traduites et sous-titrées par des fans, sur cassettes VHS, de Cowboy Bebop, Rurouni Kenshin et Serial Experiments Lain, c’était une réussite!
À Nadeshicon, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence de Tiffany Grant (doubleuse anglaise d’animés, notamment le personnage d’Asuka dans la série Neon Genesis Evangelion) et de Matt Greenfield (co-fondateur de ADV Films et pilier du boom des animés en Amérique du Nord dans les années 1990), en plus d’être présent lors de la traditionnelle mascarade de cosplay.
Du côté des panels plus informatifs, j’ai assisté à un panel sur les années 70 : l’âge héroïque de l’animation japonaise, un panel sur l’édition des disques vinyle des trames sonores d’animés à l’heure du numérique, de même qu’un panel sur les amours intra-familiales dans les animés (le samedi soir à minuit, quand même!).
Mes intérêts ciblés m’ont tenu à l’écart d’activités plus familiales, comme un atelier Hello Kitty (de la part de Miss Grant), un atelier de mah-jong, un défilé de mode japonaise, des démonstrations d’arts martiaux et de danse, ainsi que des projections de dizaines de films (du film d’animation Evangelion au documentaire Jiro Dreams of Sushi).
Parmi les autres activités qui pourraient susciter l’intérêt des lecteurs de Kinephanos, notons des panels sur la culture du jeu vidéo au Japon, sur l’étude des otakus (les fans dévoués de culture populaire japonaise), et sur la traduction de mangas par des fans.
Nadeshicon est donc une convention éclectique, qui ratisse large et qui est de plus en plus rassembleuse, mais qui semble néanmoins à la recherche de son identité propre, à la fois au niveau de la langue et de l’identité visuelle. En réunion post-mortem du festival, on se demandait s’il fallait offrir davantage d’activités en anglais afin d’attirer un plus grand nombre de participants de l’extérieur de la région de Québec. De plus, des problèmes au niveau de l’affichage ont été soulignés. Je parie néanmoins que les fans de culture visuelle japonaise qui sont responsables de Nadeshicon trouveront une identité visuelle forte pour la prochaine fois.
En guise de conclusion, voici donc ma confession : Nadeshicon, c’est l’événement où je suis redevenu fan d’animé. L’ambiance, les costumes, les rencontres, les panels informatifs, les conférences : tout ça m’a redonné le goût de visionner des animés avec, cette fois-ci (et comme à l’époque) un regard de fan plutôt qu’un regard de chercheur.
Prochaine escapade de fan : Otakuthon, le festival d’animé de Montréal, du 16 au 18 août au Palais des congrès de Montréal!