Cette année encore, le Festival international de films Fantasia revient pour sa 17e édition du 18 juillet au 7 août 2013. Kineblog couvrira l’événement avec de courtes critiques et des compte-rendus, comme ce fut le cas en 2011 et en 2012. Ce sera donc l’occasion de renouer avec le fameux public du festival, de même qu’avec le lieu originel du Festival, le Cinéma Impérial (l’auditorium du Pavillon Hall de l’Université Concordia étant en rénovation cette année). La salle J.A. de Sève et la Cinémathèque québécoise demeurent les autres salles habituelles de projection.
Comme ce fut le cas pour les années précédentes, nous (c’est-à-dire Marc Joly-Corcoran et moi) couvrirons essentiellement le volet asiatique, particulièrement les films japonais (avec plus d’une trentaine de titres à l’affiche), mais aussi, dans la mesure du possible, les films chinois (Chine continentale, Hong Kong et Taïwan) et sud-coréens. Si vous êtes intéressés à venir à Fantasia, mais ne savez pas quels films choisir, voici quelques-uns des titres les plus prometteurs.
À tout seigneur, tout honneur, le film d’ouverture du Festival n’est nul autre que Shield of Straw de Takashi Miike, réalisateur favori de l’événement avec en moyenne 1 ou 2 films en projection à chaque année. Ce film de suspense et d’action fut en compétition à Cannes en mai dernier. Malgré un accueil mitigé, gageons qu’il saura nous divertir avec son outrance habituelle. Fidèle à la tradition, un second film de Miike sera présenté, cette fois-ci un film plus sombre, Lesson of the Evil.
Lesson of the Evil, réal. Takashi Miike
Comme c’est aussi souvent le cas, le Festival aura son lot d’adaptations de manga, provenant de tous les genres. Tout d’abord, Rurouni Kenshin, adaptation du manga éponyme très populaire de Nobuhiro Watsuki se déroulant pendant la Révolution Meiji (autour de 1868). Le film, réalisé par Keishi Otomo, provenant du milieu de la télévision, termina au 16e rang du box-office japonais en 2012, avec des recettes de 36,798,585 de dollars américains. Deux suites, venant d’être annoncées il y a quelques semaines, sont attendues pour l’été 2014. Parions que nous pourrons les voir à Fantasia dans les années à venir.
Un autre blockbuster japonais adapté d’un manga est à l’affiche, Thermae Romae, tiré du manga de Mari Yamazaki. Avec un très gros budget, une forte campagne de promotion, et des acteurs poids lourds du cinéma japonais tel qu’Hiroshi Abe, ce voyage dans le temps entre le Japon contemporain et la Rome antique, sorte d’hommage à la culture du bain au Japon, fut un succès encore plus grand au box-office japonais, terminant au 2e rang pour l’année 2012 avec des recettes de 74,091,903 de dollars américains. Réalisé par Hideki Takeuchi, qui fit l’adaptation du manga Nodame Cantabile, le film eut sa première nord-américaine au Festival International du film de Toronto en septembre 2012.
Adaptation du « one shot manga » de Kyōko Okazaki paru au Japon en avril 2003, Helter Skelter est réalisé par Mika Ninagawa, une photographe japonaise qui a réalisé des vidéoclips pour le groupe J-Pop de l’heure au Japon, AKB48, de même que pour Alicia Keys. Le film fut bien reçu par la critique festivalière en Europe et en Asie, alors il devrait s’avérer intéressant. Hello, My Dolly Girlfriend est le dernier film du mangaka devenu réalisateur Takashi Ishii (adaptation d’ailleurs de l’un de ses manga), auteur de Freeze Me et Gonin autrefois présentés au Festival. Comédie comme le public de Fantasia les aime, I’ll Give it My All — Tomorrow (Ore wa mada honki dashite nai dake) est adapté de la série de manga de Shunjū Aono et raconte l’histoire d’un artiste manga en devenir. Du même réalisateur, Yuichi Fukuda, HK / Forbidden Super Hero est tiré du manga de Keishu Ando, alors que l’acteur Shun Oguri a participé à l’écriture du scénario racontant les aventures du « Pervers masqué »! Autre histoire de héros masqué, Tiger Mask, tiré d’un classique de l’anime, du manga et de la lutte professionnelle, est le premier long métrage de Ken Ochiai, japonais provenant d’une école de cinéma américaine. D’une franchise encore plus populaire, Ultraman Zero : The Revenge of Belial souligne le 50e anniversaire des Productions Tsuburaya, fondées par Eiji Tsuburaya, le plus célèbre créateur d’effets spéciaux au Japon, ayant travaillé sur Gojira\Godzilla (1954) et illustre créateur d’Ultraman! À ne pas manquer dans les adaptations de séries populaires, Gatchaman est inspiré de la célèbre télésérie animée japonaise des années 1970 Science Ninja Team Gatchaman/La Bataille des planètes (connu également au Québec sous le titre La force G dans sa seconde adaptation durant les années 1980). Finalement, Library Wars est une adaptation de la série de « light novel » du même nom d’Hiro Arikawa, et réalisée par Shinsuke Sato, qui était venu présenter en 2011 ses décevantes adaptations du manga Gantz.
Gatchaman, réal. Toya Sato
Plusieurs autres films japonais sont dignes de mention, tels que Bad Film de Sion Sono (un autre incontournable du Festival), avec un opus tourné en 1995, mais terminé en 2012. Hideo Nakata, le célèbre réalisateur de Ringu et Dark Water, fait son retour à la J-Horror avec The Complex, qui est jusqu’à maintenant assez bien reçu par la critique internationale. Satoshi Miki, réalisateur de l’excellent Adrift in Tokyo, nous revient avec It’s Me, It’s Me, avec comme acteur principal Kazuya Kamenashi (star de J-Pop) jouant plus de 20 personnages dans le film. Miki sera présent à la projection. The Great Passage (Fune o amu), tiré de nouvelles de l’écrivaine Shion Miura, est le dernier opus de Yūya Ishii, réalisateur de Mitsuko Delivers et Sawako Decides (meilleur film à Fantasia en 2010), avec plusieurs célèbres acteurs/actrices japonais(es), tels que Ryuhei Matsuda, Aoi Miyazaki et Joe Odagiri. Yoshihiro Nakamura, réalisateur de Golden Slumber et Fish Story, nous propose également son dernier film, See You Tomorrow, Everyone. Key of Life, du réalisateur Kenji Uchida, qui fit sensation à Cannes en 2005 avec A Stranger of Mine; Bushido Man, film d’arts martiaux de Takanori Tsujimoto, réalisateur de Hard Revenge Milly; et Number 10/Goodbye Saigon, film inédit de Norio Osada, scénariste de Lady Snowblood (une des inspirations principales de Kill Bill de Quentin Tarantino), sont les autres films à surveiller.
The Garden of Words, réal. Makoto Shinkai
Le volet d’animations japonaises s’annonce également fort intéressant cette année (Marc Joly-Corcoran couvrira cette section plus en profondeur). Avec le dernier Hideaki Anno, EVANGELION: 3.0 You Can (Not) Redo, les fans de cette saga seront ravis. Encore étonnant que les créateurs osent triturer et modifier l’histoire originale de la série, tout en ne s’aliénant pas leurs fans. Le film est sortie au Japon à la fin de 2012 et pour cette même année battu le record d’entrées aux guichets pour le premier week-end. À voir ! Le prochain Makoto Shinkai, The Garden of Words est aussi attendu de pied ferme. C’est l’animation japonaise à voir à Fantasia cette année. Depuis Voices of a Distant Star (2003) et Children Who Chase Lost Voices (2011), présenté l’année dernière à Fantasia, ce réalisateur continue d’étonner et charme par la palette d’émotions et de couleurs déployées. Humaniste, l’empreinte de Miyazaki et Takahata n’est pas très loin. Si vous avez aimé également The Girl Who Leapt Through Time (2006) et Summer Wars (2009) de Mamoru Hosoda, ça devrait vous plaire. Aussi, The Burning Buddha Man (2013) en déroutera plus d’un. Réalisé avec la technique du cutout (dessins sur papiers découpés, et superposés en couche), ce film réalisé par Reo Anzai constitue un exercice qui rappelle, à certains égards, certaines des premières animations japonaises de Noburo Ofuji comme The Village Festival (1930) et Song of Spring (1931). La bande-annonce nous laisse pour l’instant présumer que l’animation traditionnelle image par image est absente, puisque les dessins semblent être fixes et même… bougés à la main. 009 Re : Cyborg est un bel exemple d’une franchise transmédiatique (media mix). D’abord un manga à partir de 1966, il y eut ensuite plusieurs adaptations anime, jeux vidéo, etc. Cette dernière mouture présentée à Fantasia et produite par les studios I.G. Productions risque d’attirer les fans de cyberpunk. Dans le registre fantastique et médiéval, Berserk Golden Age Arc II et III complètent une trilogie inspirée des manga sortis dans les années 90 et très populaire au Japon. La première partie, The Egg of the King, fut présentée à Fantasia l’année dernière sans tambour ni trompette. On verra comment sera reçu ces deux derniers volets cette année. Ensuite, à ne pas manquer, un court métrage de Katsuhiro Otomo (Akira [1988]), intitulé Combustible et dont l’histoire se déroule durant l’ère Edo. Classicisme et tradition nipponne au rendez-vous. L’animation rappelle un peu le réalisme préconisé dans le magnifique Grave of the Fireflies (1988, réal. Takahata) et dans certains films de Satoshi Kon (Tokyo Godfather [2003] et Millenium Actress [2002]). Combustible est présenté dans le programme Fragments d’Asie avec, entre autres, Possessions de Shuhei Morita et Kick-Heart de Masaaki Yuasa, le projet kickstarter du réalisateur du génial Mind Game et de la série Kaiba. Pour une suggestion d’horaire et visionner les bandes-annonces, voir le billet « En rafale, quels anime voir à Fantasia cette année ».
Pour ce qui est du cinéma chinois (incluant celui de Hong Kong et de Taïwan), l’excellent Johnny To nous revient avec Drug War, qui sortira également sous peu sur nos écrans (au Cinéma du Parc à partir du 16 août). Pour ceux qui ont suivi la saga du célèbre Yip Man (un des maîtres de Bruce Lee), le Festival présente IP Man – The Final Fight, suite de The Legend is Born – Ip Man, tous deux réalisés par Herman Yau. Ils ne sont pas à confondre avec Ip Man et Ip Man 2, réalisés par Wilson Yip et avec comme acteur principal Donnie Yen, aussi jadis présentés au Festival, ni même avec celui récent de Wong Kar-Wai, The Grandmaster. Ronny Yu, réalisateur de l’excellent The Bride with White Hair, nous présente son premier film en sept ans (Fearless date de 2006) avec le film historique Saving General Yang. The Last Tycoon du réalisateur de la série God of Gamblers, Wong Jing, est une saga de gangsters chinois avec Chow Yun-Fat et Sammo Hung. L’anthologie Tales from the Dark Part I est aussi à surveiller, ne serait-ce que par la présence de Fruit Chan (réalisateur de l’excellent Dumplings, tiré de Three…Extremes) et du fait que les trois récits sont basés sur des histoires de Lilian Lee, l’auteure de Dumplings et d’Adieu ma Concubine/Farewell My Concubine (brillamment adapté au cinéma par Chen Kaige en 1993). Finalement, Machi Action est une parodie de tokusatsu (films ou séries télé d’effets spéciaux japonais) venant de Taiwan! Il s’agit du premier long métrage de Jeff Chang.
Secretly Greatly, réal. Jang Cheol-soo
Du côté de la Corée du Sud, la sélection ne semble pas aussi forte que les années précédentes, avec huit longs-métrages dont une majorité de cinéastes qui en sont à leurs débuts. Par contre, nous aurons la chance de voir Secretly Greatly, du réalisateur de Bedevilled, Jang Cheol-soo, et une adaptation de la série webtoon d’espionnage de 2010, Covertness de Hun, qui a reçu plus de 40 millions de visites. Depuis sa sortie en salle le 5 juin 2013 en Corée du Sud, le film a brisé plusieurs records au box-office, dont le plus grand nombre de billets vendus pour un film domestique lors de sa première journée et sa première fin de semaine en salle, de même que le film domestique le plus rapide à atteindre le million (et même 2, 3, et 4 millions) d’entrées.
Nous vous reviendrons sous peu avec les premières critiques. On vous rappelle que le Festival débute le 18 juillet et les billets sont déjà en vente à la billetterie du Cinéma impérial et sur le réseau Admission.
Bon festival!