Deuxième journée du festival, inégale pour ma part, mais sûrement intéressante selon vos choix d’activités. La simple promenade dans les couloirs vaut souvent à elle seule le détour, et les photographes s’en régalent. Les costumes sont tous plus originaux les uns que les autres, ce qui fait que les 10 ou 20 personnages de Naruto aux trench-coats orange tous identiques et achetés au même endroit passent vite incognito.
La portion panel manque certainement de rigueur, plusieurs panellistes avouant littéralement n’avoir rien préparé en sautant de plain-pied dans le volet Q&A. Cet aspect mériterait d’être révisé en étant plus restrictif dans la sélection des panellistes. Oui c’est un événement davantage fan based que Comic Con, mais Henry Jenkins disait lui-même que les fans sont, en général : « people who are overeducated for their jobs, whose intellectual skills are not challenged by their professional lives ». Nous savons donc qu’ils ont quelque chose de substantiel à dire, ces fans (sans tenir compte bien entendu de la difficulté bien compréhensible de parler devant un public). Otakuthon a par ailleurs ouvert ses portes pour la première fois à un panel de nature universitaire portant sur les recherches effectuées à Montréal concernant la culture japonaise et les jeux vidéo japonais. À ma grande surprise, une quarantaine de personnes assistaient au panel. Un succès à noter pour l’an prochain. Les ateliers Cérémonie du thé et Introduction à la cuisine japonaise ont également attiré les foules. La culture japonaise c’est aussi autre chose qu’une culture du divertissement. L’achalandage lors de ces événements est la preuve que les gens veulent en connaître plus sur la culture nippone. Heureusement, hormis quelques panels littéralement mal préparés, quelconques et approximatifs, certaines présentations, particulièrement celles des invitées d’honneurs comme les deux cosplayeuses, Nadia SK et Riddle, étaient par contre extrêmement bien préparées.
Nadia SK, cosplayeuse italienne, en Black Widow (The Avengers)
Elles offraient un point de vue à la fois personnel et instructif sur l’activité du cosplay (une contraction de costume et play). La présentation de Nadia SK, une Italienne qui travaille dans le domaine de la mode, était essentiellement technique et portait sur le moulage d’accessoires en résine que l’on applique sur les pièces de vêtement au besoin. Lors d’une très courte entrevue donnée à kinephanos juste après sa présentation, elle avoue être une fan d’animes et de mangas, entre autres d’Haruhi Suzumiya et Detective Conan, en plus d’être une videogame addict. Ce qu’elle aime et recherche c’est l’immersion dans un personnage : « This is why I started to cosplay because I want to become the character, to be a part of this world ». L’histoire est toutefois importante, c’est ensuite le personnage, l’avatar si l’on veut, qui exerce son pouvoir d’attraction : « I always fall in love with the story and the character, always. When I choose a cosplay, there is always a feeling between me and the character ».
Une autre invitée d’honneur dans la section cosplay, nommée Riddle et aussi connue sous le nom Riki LeCotey, partage son expérience avec une certaine nervosité. Elle est pourtant bien connue dans le milieu du cosplay, participant même à l’émission de télé réalité Heroes of Cosplay, diffusée sur le réseau SyFy, et ayant même travaillé sur quelques films américains. Ce qu’elle dit d’abord aux gens, c’est d’adapter le personnage selon leur propre point de vue, d’être créatif, et non d’essayer de le reproduire avec exactitude. Elle prend en exemple les personnage de comics américains qui ont pris plusieurs formes au cours des dernières décennies. Beaucoup de fans se lancent dans le cosplay pour plusieurs raisons, entre autres pour le sentiment d’accomplissement et pour prendre de la confiance en soi. L’activité permet certainement d’acquérir des compétences créatives et personnelles. Revêtir les atours d’un personnage de manga, d’anime ou de comics, et vivre avec le regard des autres lors des événements comme Otakuthon ou Comic-Con peuvent demander une certaine dose de courage et être une source de grande fierté.
Le cosplay est une part importante de l’événement, car les plus vaillants ont même l’occasion de participer à la grande mascarade du samedi soir, très populaire et faisant salle comble à chaque année. Il s’agit d’un défilé de cosplayeurs toutes catégories, de débutant, novice à master, où chacun ou en équipe incarnent leurs personnages favoris dans une situation donnée, avec une musique ou un clip audio tiré de la production inspiratrice. Les deux animatrices de la soirée, plutôt sympathiques et avec un sens de la répartie redoutable, rendent l’atmosphère suffisamment décontracte sans trop se prendre au sérieux, mais le tout est livré avec brio.
À SUIVRE…