Fantasia 2015: A Hard Day – critique

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Gagnant de plusieurs prix en Asie, et présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes ainsi qu’au TIFF à Toronto, A Hard Day de Kim Seong-hun est véritablement une classe de maître en scénarisation. Rythmé par un feu roulant de rebondissements et d’une mise en scène inventive, impossible de quitter l’écran des yeux tellement le personnage principal s’enfonce dans un pétrin d’apparence insurmontable. D’une scène à l’autre, la question qui turlupine est littéralement de savoir comment il s’en sortira. Avec la spontanéité que l’on reconnaît à l’humour caustique et grinçant des Coréens, ce suspense est d’une rare efficacité et sait nous surprendre à chaque détour.

Ko Gun-soo est forcé de quitter les funérailles de sa mère à la hâte, appelé par un collègue d’urgence. Il heurte mortellement un piéton, et croyant ne pas avoir été vu il cache le corps dans la valise de sa voiture. Le comble vient ensuite à un barrage de sécurité où on apprend que Ko Gun-soo est policier détective! À l’instar du film Psycho, avec Norman Bates qui tente d’éliminer toutes preuves de son geste macabre, on s’identifie rapidement à la situation vécue par le protagoniste. Désespéré, il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère décédée. Au diable les questions morales, tout le monde a quelque chose à se reprocher de toute manière, ses collègues les premiers qui sont tous corrompus jusqu’à la moelle. Le film, catapulté par cette prémisse abracadabrante, emprunte la structure narrative du suspense sans être dépourvu d’action, de batailles et de courses poursuites. Ainsi, les efforts burlesques du sympathique Ko Gun-soo pour dissimuler le corps au début ne seront pas sans conséquence. Il apprend effectivement qu’il y avait un témoin lors de l’accident. Là où la cinématographie coréenne est riche en histoires corrosives et acerbes (comme The Chasser [Na Hong-jin], I Saw the Devil [Kim Jee-woon] et j’en passe!), A Hard Day s’engage davantage vers l’humour sans négliger l’efficacité liée au genre du suspense.

On se questionnera au final sur le propos du film: est-ce que le crime paie? On pourrait également pointer quelques fausses pistes laissées ici et là, comme la présence d’un chien qui revient de temps en temps, et un dernier rebondissement, disons-le, tiré par les cheveux, par ailleurs questionné par les personnages eux-mêmes (un clin d’oeil des scénaristes pour forcer l’inévitable finale explosive que l’on attend normalement de ce genre de film). Hormis ce dernier détail, rien dans ce récit n’est laissé au hasard, alors pourquoi bouder son plaisir? Parions aussi que vous aurez la Valse no. 2 de Shostakovich en tête un petit moment après le visionnement. Sans prétendre au classique instantané, A Hard Day est jusqu’à présent mon petit coup de coeur du festival avec The Case of Hana and Alice.

A Hard Day est présenté de nouveau le 3 août prochain à 12h30, salle J.A. De Sève