Fantasia 2015: Attack on Titan / le film – critique

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C’était la clôture de la 19ème édition du festival Fantasia hier, présidée par le toujours très enthousiaste Marc Lamothe. Avec tous les remerciements d’usage auprès des partenaires, M. Lamothe remercia également les spectateurs qui furent plus de 100 000 encore cette année à se présenter aux portes des guichets ! Fantasia est le festival non seulement le plus bruyant en ville, mais selon Variety également dans le monde entier. Pour cette dernière journée officielle de plaisirs coupables étaient présentés le très efficace troisième volet du triptyque Rurouni Kenshin : The Legend Ends ainsi que Assassination, un solide film d’action coréen sur fond d’intrigues politiques qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. Or, peut-être parce que les attentes étaient très élevées ou à cause des deux excellents films qui précédaient, l’adaptation cinématographique d’Attack on Titan, l’une des séries anime les plus populaires depuis peut-être Neon Genesis Evangelion, échoue lamentablement sa mission auprès des fans – que je suis. Alors que la série propose des personnages tourmentés et profondément troublés par les horreurs indicibles commises par les Titans, le film enligne mécaniquement les scènes les une après les autres sans âmes aucune et sans respect pour le matériel source. Et on se surprend à attendre le prochain carnage des Titans qui s’exécute à coups de croquées humaines suivies par les acclamations d’une foule fantasiesque enfin rassasiée! Et pour cause, entre ces moments le film est à mourir d’ennui, à en rire d’impatience.

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Rien de nouveau sous le soleil d’une industrie culturelle qui capitalise toujours sur les produits à faibles risques. Quand quelque chose marche bien, on le clone, on l’adapte vers un autre format, ou on en reproduit la recette en changeant quelques ingrédients. Il était donc inévitable que l’anime et le manga Attack on Titan, qui connaît un succès considérable au Japon et chez les otakus occidentaux, se voit réserver le même sort. Pourtant, la série Evangelion s’est vue épargner le supplice, les producteurs ayant préféré adapter en anime avec la quadralogie, plutôt qu’en tournage en prises de vue réelles. Et avec raison, les sujets des manga ne se traduisent effectivement pas tous bien vers le cinéma en actions réelles (quoique Fantasia nous a offert quelques bons manga-live cette année, avec Princess Jellyfish, Poison Berry in my Brain et Lupin the Third, entre autres). C’est le cas d’Attack on Titan, qui souffre, d’une part, d’une trop grande économie de détails importants dans la série anime, et d’autre part, d’une représentation des Titans à l’écran souvent risible et pratiquement bâclée. Quand on voit les Titans marcher dans la ville, leur gigantesque présence n’est pas ressentie et on a l’impression de voir de simples figurants humains «grandeur Titan» sur fond vert, ce qui nuit malheureusement à l’immersion et à la crédibilité de la proposition. Ce gigantisme mal rendu est dû en grande partie au mauvais choix de cadrage et aux angles de prise de vue. Alors que le Godzilla de Gareth Edward était volontairement filmé à partir d’endroits réalistes pour l’oeil humain, à partir du sol ou sur le dessus d’immeubles, dans Attack la caméra est souvent à la hauteur des Titans. Hormis les nombreuses longueurs, des dialogues inutiles et involontairement comiques, d’innombrables incongruités scénaristiques, des effets visuels qui rappellent par moment les sharknado, ce premier volet offre malheureusement peu de choses à se mettre sous la dent (sic)… À mon grand regret.

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Le film couvre les 8 premiers épisodes de la série anime. L’histoire commence là où l’anime débute avec la brèche créée par le méga Titan, mais Eren, Mikaza et Armin sont déjà âgés. Leur complicité est ici tenue et manque de profondeur. Les parents d’Eren ont été évacués du récit également, donc exit les flashbacks qui entretenaient un certain mystère autour du père d’Eren, et cette fameuse clé qui mène vers le sous-sol. Exit aussi l’atroce mort de la mère d’Eren, dont ce dernier est témoin alors qu’il est enfant. Ce souvenir indélébile qui le marqua au fer rouge constitue, dans la série, l’une des motivations centrales qui animent la rage d’Eren à l’endroit des Titans. Une motivation complètement absente du film. Attack on Titan n’est pas complètement dénué d’intérêt, même si le non-initié risque de s’emmerder lamentablement. Le film n’est heureusement pas long et divertit suffisamment, sans plus. Certaines scènes sont troublantes d’étrangeté, comme celles avec un bébé géant et certains Titan aux visages déformés. Or, puisque le film semble justement s’adresser aux fans (parce qu’il omet plusieurs informations importantes en prenant des raccourcis qui nuisent à la compréhension de l’histoire), l’amertume laissée par la forte impression que les producteurs se foutent royalement de notre gueule n’est que plus grande. À tel point que, sûrement pour oublier l’expérience du film, vous aurez probablement envie de recommencer la série anime toujours disponible sur Netflix!

Attack on Titan est présenté de nouveau ce soir à guichet fermé. Si vous y allez, ajustez vos attentes.