Littéralement une relecture post apocalyptique de Moby Dick, Crimson Whale de la réalisatrice Park Hye-mi est un petit bijou de film sur le plan formel, mais réussit malheureusement qu’à nous intéresser minimalement au sort de Ha-jin, une enfant espiègle tracée au crayon gras qui a le don de parler aux baleines. Pour ce talent, elle est recrutée par une bande de mercenaires qui veulent s’attaquer à la baleine monstrueuse sillonnant les rivières d’un volcan en activité. Le scénario est convenu et traite de thèmes déjà abordés maintes fois dans le giron des films post apocalyptiques. Le choix d’en faire un récit initiatique est simple, mais efficace. Une tendance esthétique se remarque dans la cinématographie des films d’animation coréens, est celle d’univers décolorés aux lignes approximatives, mais assumées, portés par des personnages désillusionnés qui subissent les situations au lieu de les provoquer. Je pense entre autres aux films durs et incisifs King of Pigs et The Fake réalisés par Sang-ho Yeon, et le sous estimé Wonderful Days sortie en 2003. Crimson Whale n’y fait pas exception et il est fort à parier que On the White Planet (présenté le 24 juillet à 16h salle J.A. De Sève) risque de suivre la même courbe stylistique, particulièrement parce que la couleur n’y existe pas! Le film de Park Mye-mi est toutefois rafraichissant. Les coups de crayon s’animant devant nos yeux au gré de l’histoire et des flashbacks. Ces derniers empruntant un style visuel volontairement fugace alors que les lignes semblant avoir été dessinées au fusain se métamorphosent agressivement devant nos yeux (à la manière de certains films d’animation expérimentaux de l’ONF). Le film est visiblement une production à petit budget, rendue possible grâce à la Korean Academy of Film Arts. Mais qu’à cela ne tienne, le talent est palpable. Un peu comme les premiers films de Makoto Shinkai (Garden of Words) qui nous avaient soufflés par leur inventivité, limités par un budget inexistant, je ne peux qu’attendre le prochain film de Park Hye-mi avec une grande impatience!