Ceux qui connaissent le réalisateur croiront que c’est une blague : Sion Sono (les flamboyants et déjantés Love and Peace, Suicide Club, Coldfish) réalise un film de science-fiction en noir et blanc, répétitif, contemplatif, exempt de trame narrative et dédramatisé au maximum à propos d’une femme-robot qui livre des colis à travers la galaxie dans un vaisseau en forme de maison japonaise.
Les 15 premières minutes confirment que non, il ne s’agit effectivement pas d’une blague, il n’y a aucun malentendu et que, déterminé, il va aller jusqu’au bout de cette extravagante entreprise. Le défi est lancé et ceux qui embarqueront trouveront peut-être, dans cette lente répétition, quelque chose de profond et de majestueux, mais sinon il est plus probable que les 100 minutes du film donnent l’impression de s’étirer sur les nombreuses années que durent ses voyages à travers la galaxie.
Dans les colis qu’elle observe, elle aperçoit des bribes d’humanité, façonnant le voyage émotionnel quelle traversera, observant avec détachement les rares non-robots restants dans cette réalité. Cette phrase résume l’étendu du contenu narratif et thématique du long-métrage. Avec un certain culot, Sono étire la sauce d’une telle façon que même lorsque l’idée est passée assez clairement, il reste une autre heure à revoir les mêmes 4 plans et 3 objets à l’intérieur du vaisseau, avec les mêmes 6 lignes répétées en boucle avec un jargon destiné à nous tenir le plus loin de l’expérience.
Par sa froideur et sa monotonie, la mise en scène n’invite jamais à découvrir l’humanité qui est supposément l’objet de convoitise de cette quête. Les dialogues sont tous doublés pour être remplacés par des murmures amplifiés, dont le bruissement est plus irritant qu’autre chose. Encore plus irritant est le son d’une canette coincée sous un soulier lorsque les personnages marchent pendant plusieurs minutes sans aucun autre son, une expérience qui nous est imposée plusieurs fois.
The Whispering Stars est un défi rebutant, puisque Sono offre un casse-tête, celui d’un ciel uni : l’image finale est facile à deviner, et ne nous donne pas envie de faire l’effort nécessaire afin de participer à l’activité monotone qui nous est proposée. La photographie épurée est intéressante et la performance de Megumi Kagurazaka est juste avec le peu qu’elle a à faire, mais c’est loin d’être suffisant.