Depuis l’été dernier, j’ai remarqué une nouvelle mode dans quelques-uns des gros blockbusters hollywoodiens : confondre la montée vers l’apogée (le build-up narratif menant au climax) pour une intrigue. Tommorrowland, Batman V. Superman : Dawn of Justice et maintenant X-Men : Apocalypse laissent tomber tout semblant de développement narratif pour simplement prendre deux heures à amener leurs personnages au climax. La finale devrait généralement être une évolution organique qui découle d’une intrigue et non le contraire. Ainsi, X-Men : Apocalypse passe la grande partie de sa durée avec deux camps qui recrutent des joueurs en vue d’une bataille, se battent pendant une trentaine de minutes lors du combat final et FIN.
Cette fois-ci, les X-Men se retrouvent confrontés à Apocalypse. Cet antagoniste n’a pas besoin d’être défini, puisqu’il représente simplement une force toute puissante équivalente à un désastre naturel. Du moins c’est ce que les scénaristes se sont dit en créant l’un des méchants les moins développés des films de superhéros (ce qui n’est pas peu dire!). Les mutants que nous connaissons tous doivent faire équipe tandis qu’Apocalypse passe la majorité du film à, lui aussi, recruter des disciples (ses 4 cavaliers) en leurs offrant de nouveaux costumes, coiffures et maquillages.
Voyant le peu de cohérence narrative que cette série a d’un film à l’autre, il semble évident que personne ne se préoccupe trop de la continuité. La logique de base est mise de côté dans cet univers assez complexe. Nous en sommes au 8e film de X-Men (le 4e de Singer) et on ne sait toujours pas comment bien chorégraphier et mettre en scène des individus aux capacités particulières. La scène d’action finale est construite de la façon la plus simple possible, rappelant le duel entre Batman et Superman dans le film de Snyder. L’utilisation des divers super-individus impliqués ne se fait qu’en surface. Dans un monde aussi coloré et étrange, il est frappant de constater le peu de créativité mis de l’avant à l’écran. La seule exception est évidemment la scène de Quicksilver qui cherche à reproduire le succès du film précédent. Malheureusement, elle rend du même coup ce personnage beaucoup trop puissant pour cet univers.
Ce film, centré sur l’esprit d’équipe (le point thématique culminant de la bataille finale), ne met en scène aucune utilisation combinée des pouvoirs. Il n’y a aucun sens d’équipe cohérent ou de camaraderie quelconque. Certaines embûches ridicules pourraient être évitées simplement si un des individus aux superpouvoirs se rappelait de son don! Il m’est arrivé une fois ou deux de déclarer à ma copine, agacé, « Ils ont littéralement TOUS un pouvoir qui pourrait les sortir de cette situation. »
Michael Fassbender, éternel professionnel, continue d’offrir le peu de passion et d’humanité dans cet univers. Ses quelques échanges avec le Xavier de McAvoy servent d’uniques points d’ancrage émotionnels dans un scénario plus intéressé à la mise en place de nouveaux mutants pour les fans (sans pour autant s’en servir) que développer ses personnages. Rose Byrne est aussi mal-utilisée que non pertinente, Olivia Munn est un gag en bikini violet et Jennifer Lawrence met si peu de passion à sa performance que je ne serais pas surpris qu’elle se soit endormie au milieu de certaines prises.
La série de X-Men est due pour du nouveau derrière la caméra. Bryan Singer a défini cet univers en se basant sur des mauvais réflexes créatifs et nous nous sommes habitués aux niveaux médiocres de ces films. Mais depuis les deux premiers volets de cette série au début du siècle, le monde des superhéros au grand écran a beaucoup changé. Nous en sommes au point où cette franchise n’est plus à la hauteur, il est normal d’en exiger plus.