Pour son 20ème anniversaire, le Festival ouvre en grande pompe ce jeudi 14 juillet avec la première du film québécois King Dave de PODZ. Mais si comme moi vous vous intéressez à la partie « asia » dans le mot « fant-asia », vous aurez amplement de quoi vous mettre sous la dent cette année, avec 25 longs métrages japonais, 15 longs métrages sud-coréens et le programme Fragments d’Asie qui inclut deux courts métrages japonais et quatre de la Corée du Sud.
À défaut de ne pouvoir tous les voir, voici les incontournables du côté japonais et coréen :
Terraformars (Takeshi Miike)
On notera d’abord l’absence de Sion Sono, qui nous avait bien gâté l’année dernière avec TAG et Love and Peace. Mais qu’à cela ne tienne, un autre habitué du festival est de retour, et en personne cette fois-ci. TAKESHI MIIKE (Audition et Ichi the Killer) sera présent pour recevoir un prix de carrière honorifique, juste avant la première Nord-Américaine de Terraformars le 16 juillet prochain. Terraformars est un film de science-fiction adaptée du manga écrit par Yu Sasuga et publié depuis 2011 dans le magazine Weekly Young Jump. Les protagonistes doivent se battre contre des extra-terrestres géants en forme de coquerelle, contre qui les protagonistes doivent emprunter des formes insectoïdes pour les vaincre! Miike offre également aux festivaliers As the Gods Will. Comme beaucoup d’autres films cette année (Assassination Classroom : Graduation, Library Wars, Parasyte Part 1 & 2, Chihayafuru Part 1 & 2), As the Gods Will est une autre adaptation d’un manga à succès, écrit par Muneyuki Kaneshiro, qui mélange compétition en milieu scolaire à la Battle Royale et le surréalisme de TAG. Du gore grotesque tiré du folklore japonais où une poupée daruma fait exploser les têtes d’élèves. Serait-ce une métaphore pour illustrer la tradition étouffante sur l’archipel? Prolifique et sans compromis, Takeshi Miike, inégale, mais toujours salué, est l’un des cinéastes les plus polyvalents de sa génération.
As the Gods Will (Takeshi Miike)
Dans le registre du manga-live soulignons aussi la présence de Bakuman, le dernier HITOSHI OHNE qui nous avait donné le très sympathique Love Strikes! projeté à Fantasia en 2012. Le manga nous vient des mêmes auteurs que Death Note et traite du monde des dessinateurs de manga. Ce qui promet d’être aussi dynamique dans sa forme qu’intéressant pour son contenu, sachant que l’industrie du manga est intimement liée à la culture du Japon!
SHUNJI IWAI, qui avait fait une incursion dans le cinéma d’animation l’année dernière avec le magnifique The Case of Hana and Alice (un prequel à son long métrage de 2004 tourné en action réelle Hana and Alice), est de retour avec A Bride for Rip Van Winkle, un récit urbain de trois heures sur l’hyperconnectivité à l’ère des réseaux sociaux. On semble y retrouver le même type d’études de personnages qu’était Love Exposure de Sono Sion. Aussi, les amateurs du talentueux KIYOSHI KUROSAWA (Cure, Pulse, Retribution, Tokyo Sonata) seront heureux de le retrouver dans un genre qu’il maîtrise parfaitement, avec le thriller d’horreur Creepy. Une sorte de retour aux sources pour Kurosawa qui a contribué à lancer le mouvement de la J-horror.
Creepy (Kiyoshi Kurosawa)
Pareillement dans la même veine, le réalisateur de la fresque Fish Story et le gentil A Boy and his Samurai, YOSHIHIRO NAKAMURA, revient cette année avec The Inerasable, un film d’horreur qui mise sur l’ambiance, et qui traite de la hantise.
The Inerasable (Yoshihiro Nakamura)
On retrouvera aussi quelques films plus légers, entre autres venant du réalisateur adulé de Twillight Samurai. YOJI YAMADA, qui n’a plus rien à prouver et bien connu pour la série Tora-San déclinée au cinéma, à la télévision et en animation, propose une comédie de mœurs avec What a Wonderful Family, qui jette un regarde drôle et tendre sur la famille contemporaine et particulièrement sur les gens du troisième âge.
If Cats Disappeared from the World (Akira Nagai)
Puis, If Cats Disappeared from the World, qui est le premier long métrage d’AKIRA NAGAI, et apparemment le coup de cœur du festival. Qualifié de film humaniste, il s’agit d’un drame fantastique sur l’attachement.
Harmony (Takashi Nakamura et Michael Arias)
Côté animation, on devra se résigner à très peu. Les programmateurs nous en offrent trois. Le premier est une production des Studio 4˚C : le film de science-fiction Harmony. Les réalisateurs TAKASHI NAKAMURA (le coloré Catnapped et l’onirique et grave A Tree of Palme) et MICHAEL ARIAS (Tekkon Kinkreet, et derrière la production de Animatrix) proposent une réflexion sur la liberté et les avancées technologiques, tirée de l’œuvre venant de l’auteur et romancier Satoshi Ito. Un drame cyberpunk sérieux à l’esthétique curieusement colorée et nette!
Seoul Station (Yeon Sang-ho)
Le deuxième est le classique de l’animation japonaise Momotaro, Sacred Sailors sorti en 1945. Le personnage de Momotaro apparaît dans plusieurs courts métrages auparavant, mais il s’agit de sa première présence dans le premier long métrage animé du Japon. Clairement un film de propagande, commandé par le gouvernement au réalisateur MITSUYO SEO, Momotaro, Sacred Sailors est néanmoins un chef-d’œuvre de l’animation mondiale à ne pas manquer, restauré à partir du négatif original 35mm! Le troisième est un film de zombie dans la plus pure tradition du genre : Seoul Station du Coréen YEON SANG-HO, réalisateur de l’acclamé King of Pigs qui reçu le prix Satoshi Kon en 2012. Sa signature visuelle est marquée par la violence, et ses thèmes de prédilection reviennent, tels que la bêtise humaine et la survie individuelle, aussi présents dans King of Pigs et Fake. Étonnamment, le même réalisateur reprend la thématique du zombie dans un autre film présenté au festival et tourné en action réelle, Train to Busan, qui s’annonce rempli de scènes d’action. Ainsi, Yeon Sang-ho nous offre non pas un, mais deux films de zombie!
Train to Busan (Yeon Sang-ho)
Pour les films coréens, les festivaliers ne seront pas en reste. Le réalisateur E J-YONG (An Affair, Untold Scandal, Actresses) poursuit ses portraits sur la condition féminine, en s’intéressant ici à l’histoire d’une prostituée vieillissante avec The Bacchus Lady. Un drame tranquille qui s’annonce à la fois dur et honnête, notamment en traitant du droit à mourir. Un autre drame résolument porté vers le réalisme, comme le fut Silenced et Han Gong-ju les années précédentes, et tout en étant empreint d’une poésie visuelle aquatique, est Fourth Place, de JUNG JI-WOO. Le réalisateur s’intéresse ici à la violence à l’endroit des enfants dans la culture du sport.
The Throne (Lee Joon-ik)
Le drame The Throne, de LEE JOON-IK (The King and the Clown) s’avérera également un incontournable pour les amateurs de films historiques. Cette fresque familiale remporta plusieurs prix en Corée et fut même choisie comme candidate pour représenter le pays aux Oscars. Puis, finalement, il ne faudra pas manquer The Wailing de l’acclamé réalisateur du film The Chaser, NA HONG-JIN. Un suspense que l’on promet choc qui fut applaudi à Cannes, mélangeant habilement le mystère et les codes du cinéma d’horreur.
Three (Johnnie To)
Pour finir, de Hong-Kong, mentionnons le thriller d’action de l’incontournable JOHNNIE TO, Three. Ce cinéaste étonnera toujours par la diversité de sa filmographie. Aussi à l’aise dans la comédie romantique (Don’t Go Breaking my Heart) comme dans le film d’action (Drug War), il est fort à parier que Three sera apprécié des festivaliers. Pour les amateurs d’adrénaline et films d’arts martiaux, vous pourrez vous contenter avec les films chinois et hongkongais The Bodyguard et Killzone 2, ainsi qu’avec Baaghi, un film indien injecté de stéroïde et de romantisme bollywoodien.
Les amateurs de nanars japonais pourront aussi se rabattre sur quelques tokusatsu comme cette traduction française d’une coproduction entre la Thaïlande, le Japon et Taïwan, Les hommes d’une autres planète, ainsi que Ultraman X The Movie, et une comédie qui reprend les codes du film de monstre japonais (kaiju-eiga) Kaijyu Mono.
Bon festival!