Voilà arrivé le moment de l’année où les aficionados et nouveaux initiés arrêtent tout, littéralement, pour aller découvrir de nouvelles perles cinématographiques dans le temple Fantasia, que ce soit du côté du cinéma de genre ou même plus largement du thriller ou du drame comique. Voici en vrac ce qui retiendra notre attention dans le volet nippon et coréen:
Films japonais
JAPANESE GIRLS NEVER DIE, de Daigo Matsui. Le réalisateur de Sweet Poolside et Afro Tanaka s’éloigne des récits pileux pour nous offrir cette année un regard critique sur le sexisme au Japon, qui promet d’être incisif et inventif.
ALMOST COMING, ALMOST DYING, premier film du réalisateur Toshimasa Kobayashi, s’annonce pour être particulièrement lubrique. Manabu Nakagawa est victime d’une hémorragie au cerveau alors qu’il se paie une fellation au salon de massage local. Sa honte est personnifiée par un ourson brandissant un bâton de baseball.
MUMON: THE LAND OF STEALTH, le réalisateur des excellents Fish Story et See You tomorrow Everyone, Yoshihiro Nakamura, change de registre en nous proposant un jidaigeki (film historique), bourré d’acrobaties, de drame et d’intrigue, tout en gardant son humour qui le caractérise.
MUSEUM, de Keishi Otomo, suit littéralement les traces stylistiques du film Seven de Fincher avec un récit policier scabreux. Adapté du manga « Museum: The Serial Killer Is Laughing in the Rain », on s’attend aux nombreux rebondissements qu’offre le genre.
THE TOKYO NIGHT SKY IS ALWAYS THE DENSEST SHADE OF BLUE, est le dernier film de Yuya Ishii (Mitsuko Delivers, The Great Passage). Une ode impressionniste et un hommage à la cité que l’on compare à Wong Kar-Wai. Nous l’attendons de pied ferme.
SHIN GODZILLA de Hideaki Anno (Neon Genesis Evangelion) et Shinji Higuchi. Si vous avez manqué la seule représentation en octobre 2016 à Montréal, c’est le temps de vous reprendre. Le monstre mythique est toutefois étonnement peu présent laissant beaucoup de place aux absurdes réunions mouvementées entre politiciens et aux déluges de décisions logistiques qu’ils doivent prendre pour contrer la menace.
LOVE AND OTHER CULTS de Eiji Uchida (Lowlife Love) explore également la jeunesse contemporaine à travers les yeux d’une jeune fille qui réintègre la société après une période de séclusion dans une secte. Or, elle s’entourera de jeunes malfrats, délinquants et autres mésadaptés sociaux. Un « coming of age story » sous le ton de la comédie.
Le festival n’est pas en reste côté manga-live, avec les récents de Takeshi Miike JOJO’S BIZARRE ADVENTURE: DIAMOND IS UNBREAKABLE et de Sono Sion SHINJUKU SWAN II. Vous aurez aussi le choix entre DEATH NOTE: LIGHT UP THE NEW WORLD, TOKYO GHOUL,TEIICHI: BATTLE OF THE SUPREME HIGH et GINTAMA.
Dans le registre des suites, encore, pour ceux et celles qui veulent quelque chose de plus léger, WHAT A WONDERFUL FAMILY! 2, de Yôji Yamada. Ou encore pour ceux et celles qui recherchent les frissons, le dernier Takashi Shimizu INNOCENT CURSE, du créateur de la série Ju-On.
Films d’animation
THE SENIOR CLASS, est un premier drame d’animation du Coréen Hong Deok-pyo, écrit et produit par le réalisateur acclamé de Train to Busan et King of Pigs Yeon Sang-ho. Un film qui trace un portrait sombre, cru et sexuellement explicite, du passage à l’âge adulte à travers les yeux d’étudiants du secondaire sur le point de graduer.
GENOCIDAL ORGAN conclut la trilogie de films d’animation adaptés de l’oeuvre de Project Itoh (aka Satoshi Ito). Les deux premiers volets étant Empire of Corpses et Harmony. Le réalisateur acclamé de la série Ergo Proxy nous offre ici un techno-thriller enrobé d’une intrigue géopolitique qui saura ravir les amateurs du genre.
JUNK HEAD de Takahide Hori pourrait être la surprise de l’année. Reconnu pour ses animations stop-motion, le réalisateur nous propose une plongée dans l’horreur grotesque où les humains et leurs créations entrent en conflit, dans un récit de science-fiction post-apocalyptique qui promet d’offrir toute une palette d’émotion dans le registre de l’abject et de l’étrange.
Les autres films d’animation à surveiller sont NAPPING PRINCESS du réalisateur d’Eden of the East (Kenji Kamiyama), ainsi que LU OVER THE WALL et NIGHT IS SHORT, WALK ON GIRL de Masaaki Yuasa, le réalisateur au style visuel singulier derrière le classique de Fantasia Mind Game (2004).
Films sud-coréens
THE VILLAINESS de Jung Byung-Gil, film d’ouverture du festival, est certainement bourré d’action. La scène d’ouverture marquera par son adrénaline filmée en caméra subjective. Entre Nikita et Old Boy, le film comporte ses références évidentes aux films de vengeance et saura plaire à l’amateur de films d’action, malgré un scénario quelque peu alambiqué.
A DAY, premier long métrage de Cho Sun-Ho, risque d’être la surprise du festival. Reprenant le concept de Groundhog Day, mais avec un plus qui ajoutera à la tension… Le rythme effréné aux nombreux rebondissements semble déjà désigner A DAY comme le préféré Sud-Coréen du festival.
FABRICATED CITY de Park Kwang-hyun nous transporte dans le monde du jeu vidéo en ligne, où le réel et le virtuel se croisent. Le jeune Kwon Yu est accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis et devra faire appel à ses compétences de joueur en ligne pour prouver son innocence. Un autre techno-thriller qui promet.
A TAXI DRIVER, de Jang Hoon, clôt le festival. Inspiré d’un fait réel, le film relate les évènements survenus à Gwangju en mai 1980, alors que l’armée ouvre le feu sur une centaine d’étudiants protestant contre le gouvernement. Raconté à travers les yeux d’un chauffeur de taxi, dans une première partie plutôt comique, le film bascule rapidement entre la tension et la tragédie.
Bon festival!