ENFIN! C’est ce qu’on se dit en découvrant Montréal Dead End, film à sketchs indépendant dans lequel dix-huit réalisateurs et réalisatrices de la relève ont joint leurs forces. Enfin un cinéma qui se transporte dans des rues où l’on marche, dans des lieux qu’on reconnait, plutôt que dans les mêmes sempiternels appartements où personne n’a l’air de vivre. Enfin des comédiens nouveaux, des visages qu’on croise tous les jours au café ou ailleurs, plutôt que les mêmes vedettes qui s’échangent les mêmes rôles de film en film. Dans le cinéma québécois contemporain, Montréal Dead End est une belle bouffée d’air frais.
Sous la terre, un portail s’est ouvert, et une étrange fumée verte s’en échappe. D’un bout à l’autre de la ville, des évènements surnaturels se multiplient, l’apocalypse est toute proche, sauf si un homme, le Gardien, parvient à retrouver le Livre qui permettra de refermer le portail. Montréal Dead End est, comme on l’a dit, un film à sketchs, une succession de petits récits se déroulant chacun dans une partie différente de la ville et mettant en scène une nouvelle situation et des nouveaux personnages, mais ces récits s’enchâssent dans un récit-cadre qui est la quête du Gardien. L’idée est bonne, puisqu’elle permet une réelle progression narrative plutôt qu’une simple anthologie de courts-métrages mis bout-à-bout.
Évidemment, qui dit film collectif dit forcément ruptures de tons et qualité inégale, ce qui est moins la faute des cinéastes que celle du spectateur, qui est forcément plus sensible à certaines histoires qu’à d’autres. La progression du récit en souffre parfois, on aurait préféré un crescendo assumé plutôt qu’une alternance entre les morceaux plus légers et les plus corsés. Néanmoins, il serait injuste et idiot d’être trop dur envers Montréal Dead End: faire un long-métrage fantastique qui nous transporte aux quatre coins de la métropole et qui implique une foule de personnages et d’effets spéciaux divers, et le tout sans l’aide des institutions étatiques, c’est déjà suffisamment impressionnant pour qu’on s’incline avec respect. Bravo à toute l’équipe, et bravo à Fantasia de programmer ce film qui sort des sentiers battus!