Fantasia 2018 – Nightmare Cinema, de A. Brugués, J. Dante, M. Garris, R. Kitamura et D. Slade

La présente édition de Fantasia démarre en grand avec la présence à Montréal de Joe Dante, qui s’est vu remettre hier soir un prix honorifique. Mais l’illustre créateur des Gremlins n’était pas là uniquement pour les honneurs, il présentait également son dernier opus, Nightmare Cinema, film à sketches réalisé sur le modèle des Creepshows où Dante et quatre autres cinéastes ont uni leurs efforts.

 

On range parfois Joe Dante dans la catégorie des « masters of horror » de la grande époque, aux côtés des Craven, Hooper, Romero et Carpenter. La dénomination nous apparaît légèrement abusive, parce que le cinéma de Dante, malgré la récurrence de certains thèmes horrifiques, est généralement trop bon enfant, trop « familial » pour être rattaché au genre de l’horreur. Nightmare Cinema n’y échappe d’ailleurs pas: même si certains passages sont particulièrement violents, avec sang, trippes et mutilations en tous genres, l’effet est constamment désamorcé par la connivence établie avec le public. Le recyclage des codes, ou plutôt l’amusement non-feint avec un tsunami de clichés usés à la corde, installe vite une atmosphère de rigolade, surtout lors des trois premiers sketchs, où Brugués, Dante et Kitamura semblent s’être passés le mot: le premier livre un slasher aux limites de l’absurde (pléonasme?) qui débouche sur un retournement de situation particulièrement drôle, le second brosse un récit aux énormes ficelles sur une jeune femme que son compagnon convainc d’avoir recours à la chirurgie esthétique et qui bascule dans la paranoïa, et le troisième offre une histoire de possession démoniaque qui dégénère en combat de sabre sanguinolent sous des éclairages de giallo. Ce caractère ludique assumé s’estompe toutefois légèrement lors des deux derniers sketchs, l’un offrant une belle transposition onirique des perceptions d’une mère de famille en proie à une psychose et l’autre le récit bien mené mais convenu d’un enfant qui développe la capacité de voir les esprits des morts après qu’un maniaque ait tenté de l’assassiner.

 

Nightmare Cinema c’est donc cela, en gros: une séance de rire entre habitués. Un public moins connaisseur des codes du genre pourrait ne pas y trouver son compte. Il faut en revanche souligné la qualité globalement égale des différents sketchs en dépit des inévitables différences de styles et de thèmes, ce qui constitue une rareté dans les films réalisés à plusieurs têtes. C’est donc dans une atmosphère de communion que Fantasia 2018 prend son envol. Bon festival à ceux et celles qui s’y joindront!