Parmi les cinéastes québécois, Renaud Gauthier fait figure d’électron libre. En 2013, il a présenté son premier long-métrage, Discopathe, un film d’horreur indépendant sur fond de musique disco. Film ambitieux (reconstitution historique du Montréal des années 70, nombreuses scènes gores), Discopathe péchait par plusieurs énormités scénaristiques, mais se rattrapait en présentant certaines idées de mise en scène absolument brillantes lors des séquences de meurtres, dignes d’un Bava ou d’un Argento.
Son second opus, Aquaslash, était vendu comme un slasher dans un parc aquatique, idée de prime abord assez charmante, qui promettait à la fois des hordes de jouvencelles dévêtues et des déluges d’hémoglobine bien rouge. En gros, le spectateur s’attend à du bon gros cinéma d’exploitation, dans la veine du Piranha 3D d’Alexandre Aja. En matière de jouvencelles, le film est plus que généreux, avec un casting peuplé de fort belles actrices, mais en matière de sang, le spectateur reste un peu sur sa faim: le scénario traîne en longueurs jusqu’à la tant attendue scène de tuerie finale (marquée du sceau des plus talentueux de nos artisans locaux, notamment Rémy Couture). Dans un tout autre ordre d’idée, on peut regretter que le film ait été tourné dans la langue de Shakespeare. En jouant avec la dualité linguistique montréalaise, Discopathe amenait une certaine originalité dans le paysage horrifique, mais Renaud Gauthier ne semble pas avoir jugé bon de continuer dans cette voie.
Ces critiques étant faites, on ne gagnerait rien à être trop dur envers Aquaslash. Premièrement, la version présentée hier dans le cadre du festival Fantasia constituait une copie de travail. L’ajout d’effets visuels et un possible resserrement de l’intrigue vont contribuer à améliorer le film dans le futur. Deuxièmement, le budget était extrêmement serré et les délais de tournage étaient très courts, de sorte qu’il faille forcément faire preuve d’une certaine indulgence. Troisièmement, vu la frilosité du milieu cinématographique québécois devant certains genres comme l’horreur, il convient davantage de saluer le courage et la détermination de Renaud Gauthier que de s’attarder sur tel ou tel point négatif. Aquaslash présente une belle facture visuelle, des mouvements de caméra soignés et des performances efficaces. Voyons maintenant s’il bénéficiera d’une distribution intéressante et s’il trouvera son public.