Johnnie To n’est pas réputé pour faire dans la dentelle. Avec Chasing Dream, son plus récent opus, il remplit l’écuelle de sang, de rires et de larmes. L’intrigue décrit la rencontre et l’idylle entre Tiger, un champion de MMA, et Cuckoo, une jeune chanteuse qui s’est fait voler ses compositions par une vedette sans scrupules. Dans leur parcours jalonné d’embûches, ils se soutiendront pour venger Cuckoo et extirper Tiger du milieu interlope qui contrôle sa carrière. Un genre de The Wrestler, mais sur l’acide et avec des passages de comédie musicale.
Ce qu’il y a de merveilleux dans Chasing Dream, c’est que Johnnie To parvient à nous captiver durant deux heures avec des clichés usés jusqu’à la corde. Absolument rien ne manque: la jolie jeune femme remplie de talents qui passent de la misère au succès, le jeune sportif en conflit avec son maître et forcé de se racheter, les quêtes qui s’entrecroisent et se règlent toujours in extremis. Tout cela on l’a vu cent fois et pourtant cela semble neuf grâce à l’extraordinaire vitalité de la mise en scène et à la manière dont To parvient à rendre chacun de ses personnages attachants. Chaque élément du film est généreusement assaisonné à la sauce Hong-Kong, les scènes de MMA ressemblant à des croisements entre la WWF et les combats de rue des vieux films de gangsters chinois, et les scènes de chansons ressemblant à des jeux vidéos psychédéliques. Ce à quoi s’ajoute un vrai sens du dialogue et des performances d’acteurs extrêmement maîtrisées.
Au final, Chasing Dream ne réinvente pas la roue mais fait beaucoup de bien, et c’est (en partie) parce qu’il ne réinvente pas la roue qu’il fait beaucoup de bien. On s’y sent comme un enfant qui entend le même conte pour la millième fois mais qui s’en émerveille encore.